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 Lire, écrire, compter par Claude Allègre

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Rebelle
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Date d'inscription : 04/06/2007

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MessageSujet: Lire, écrire, compter par Claude Allègre   Lire, écrire, compter par Claude Allègre Icon_minitimeSam 30 Juin - 22:06

On noie au moins de 10 à 15% des élèves sortant du primaire chaque année. Il faut donc instaurer un contrôle de lecture à l'entrée du collège. Ceux qui ne savent pas lire n'y entrent pas

Chaque nouveau ministre de l'Education nationale, dès qu'il a pris possession de son immense ministère, s'exprime sur les priorités qu'il veut donner à l'enseignement primaire. Et, chaque fois, c'est la même déclaration. «Ma priorité, c'est apprendre à lire, écrire, compter. Les fondamentaux avant tout. La lutte contre l'illettrisme doit être menée avec la dernière vigueur.» Et les médias de s'extasier devant cette évidence forte. Pendant huit jours, on glose, on commente, on approuve, on se félicite. Puis on passe à autre chose en attendant le nouveau ministre.

Pour ne parler que des temps récents, Chevènement, Jospin, Bayrou, Lang, moi-même et maintenant Luc Ferry, nous avons tous sacrifié au même rituel. Chaque prise de position contribue à améliorer la situation sans pour autant qu'on en prenne vraiment conscience faute d'une mesure précise. Où commence, en effet, la difficulté de lecture d'un enfant? Si tant est qu'on puisse faire confiance aux évaluations, il semblerait que l'apprentissage de la trilogie des fondamentaux se soit détérioré il y a une vingtaine d'années. Il ne s'est pas redressé depuis, malgré les efforts réels des divers ministres. Pourquoi cette dégradation, alors que le nombre d'élèves à l'école primaire n'a pas varié depuis cinquante ans, que les taux d'encadrement se sont améliorés et que la fréquentation de l'école maternelle a augmenté?

La première raison est sans doute le changement de nature de la population des élèves. Le nombre d'immigrés a considérablement augmenté. Or ces élèves vivent souvent dans des milieux qui ne sont pas francophones et sont souvent «inculturés». On comprend facilement leurs difficultés à maîtriser la langue française. A cela s'ajoute le fait que ces élèves parlent dans les banlieues des volapüks multiples qui déforment et défigurent la langue. Je ne trouve pas ces dérives amusantes dans un tel contexte.

La deuxième raison, souvent invoquée: les professeurs des écoles, formés désormais au niveau de la licence, répugnent plus que les instituteurs de notre jeunesse à centrer leurs enseignements sur les fondamentaux et privilégient un enseignement d'éveil ou de culture. Si cela a pu être vrai, ça l'est de moins en moins.

L'échec le plus important, et le plus inquiétant, est celui qui concerne la lecture. C'est elle qui détermine tout. Si on ne lit pas couramment, on ne peut pas traiter les problèmes de maths, faute de comprendre l'énoncé (une étude faite il y a quelques années démontrait que c'était la cause d'un tiers des échecs en troisième des collèges). Si on ne lit pas couramment, on ne lit pas non plus de livres ou de journaux. La culture n'existe pas.

La conséquence, catastrophique, de cette situation se révèle au collège. Les enseignants de collège spécialisés dans une discipline, ayant donc chacun beaucoup d'élèves de niveaux différents, considèrent que ce n'est pas leur travail de rattraper les «fondamentaux chancelants». Or il ne s'agit pas, le plus souvent, d'un illettrisme total, mais d'un défaut de maîtrise de la lecture que l'on ne détecte qu'avec une attention soutenue portée aux élèves.

De là viennent des échecs scolaires qui ont des conséquences désastreuses pour la vie des élèves et des enseignants. L'inattention et le désintérêt scolaire sont l'une des sources de la violence, qui ne fait que s'accroître au collège.

Comment y remédier? Depuis vingt ans, on a multiplié les cours de rattrapage, les circulaires ministérielles, les moyens supplémentaires, etc. Tout y est passé. Sans résultat spectaculaire.

Pourquoi ne pas regarder les choses en face et dire que ce fléau de l'illettrisme au collège est d'abord dû à l'absence de contrôle au sortir de l'enseignement primaire? Tous les cycles d'enseignement se terminent par des certifications. En faculté, au lycée avec le bac, au collège avec le brevet (qui n'est plus un obstacle!), mais, paradoxalement, pas à l'école primaire. Un examen existait autrefois, on l'a supprimé! Imaginons que nous décidions que tous les élèves sortant du primaire doivent savoir nager (ce serait d'ailleurs un bon objectif). Imaginons ensuite que, fort de ce principe, on les jette tous en haute mer sans vérifier qu'ils savent effectivement nager. On connaît la suite... Mais c'est ce que l'on fait avec la lecture et, à un degré moindre, avec le calcul. On noie au moins de 10 à 15% des élèves sortant du primaire chaque année. Il faut donc instaurer un contrôle de lecture à l'entrée du collège. Ceux qui ne savent pas lire n'y entrent pas. Mais, dès que l'on propose d'introduire ce contrôle, on nous réplique: mais que ferez-vous des 10 à 15% qui ne satisferont pas à l'examen de lecture? Outre que l'on sacrifie ainsi la majorité au profit de la minorité, ce raisonnement est choquant. S'il y a un contrôle, les a-lettrés ne seront que de 5 à 7%, parce que chacun (enseignants, parents, élèves) se concentrera sur le même objectif: savoir lire couramment. Tout contrôle stimule sa préparation.

Ensuite, et je garde mon analogie nautique, ceux qui échoueront se retrouveront dans le petit bain pour apprendre à nager, c'est-à-dire dans des classes où ils apprendront à lire. En redoublant d'abord, en triplant s'il le faut! Tripler? Quel est l'inconvénient si on peut repartir du bon pied? On «triple» bien pour devenir président de la République! Apprendre à lire, pour un individu, n'est-ce pas important?

Le 1% qui restera rebelle à cet exercice ira dans des collèges spécialisés où l'on dispensera un enseignement spécial avec des enseignements polyvalents. Mieux financés, ces collèges seront en très petit nombre et ne constitueront en rien une partition du collège.

La solution paraît simple, mais je crains que, faute de courage, on ne continue à noyer nos enfants. Au nom de l'égalité, quel gâchis!

(source : L'Express.fr)
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